Wednesday, 26 September 2012

La nourriture bio rend-elle égoïste ?


Marché fermier au Royaume-Uni. ©Source : theecologist.org

C’est la question que s’est posé un éminent professeur de psychologie, le Dr Kendall J. Eskine, enseignant à l’université de Loyola New Orleans.

Son champ de recherche ? La relation entre nourriture et identité morale. En d’autres termes : dans quelle mesure notre alimentation nous définit-elle et influe sur notre comportement ?

Les conclusions de cette dernière étude sont pour le moins cocasses -et assez fascinantes.

Selon les travaux du Dr Esline, il semblerait que les personnes qui mangent bio auraient la critique particulièrement facile et se montreraient moins enclines à aider les autres.

Le professeur et son équipe ont montré à un groupe de participants diverses images d’aliments, allant du brownie hypercalorique aux graines de quinoas organiques issues du commerce équitable, en passant par le hamburger-frites et le poulet de Bresse.

Les sujets ont ensuite été soumis à des questions d’ordre moral, du type : comment qualifieriez-vous cet avocat qui va chercheur ses clients aux urgences médicales afin de les persuader de porter plainte pour leurs blessures ? 

Résultat : les sujets ayant montré une préférence marquée pour les aliments biologiques sont ceux qui ont émis les jugements les plus sévères.

Ce sont aussi ceux qui se sont montrés les plus réticents à travailler bénévolement pour aider des inconnus, n’offrant que 13 minutes de leur temps en moyenne contre 24 minutes chez les personnes ayant montré une préférence pour les brownies industriels et autres hamburgers.

A première vue pourtant, on pourrait imaginer une certaine tendance à l’empathie et à l’altruisme chez les personnes qui préfèrent acheter leurs légumes et leur viande au marché fermier du coin plutôt que chez Carrefour. Les aliments bio ne vont-ils pas de pair avec le bien-être animal, la protection de la nature et le soutien aux petits producteurs ?

Il semblerait qu’en réalité, les consommateurs qui optent pour le biologique auraient tendance à se féliciter eux-mêmes pour leurs choix moraux et environnementaux. En somme, leurs préférences alimentaires les rendraient bien-pensants et moralisateurs.

Un peu comme s’ils avaient déjà rempli leur quota de bonnes actions en achetant bio et équitable, ce qui leur permettait de critiquer autrui sans trop de retenue…

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